Le mardi 22 octobre dernier, nous avons publié un long article sur les gênes persistantes que subissent les usagers de la ligne ferroviaire qui relie Lille au Westhoek et à l’Artois. Parmi eux, Cassandra, étudiante qui l’emprunte quotidiennement, avait tenu à nous faire part de son ressenti. Celui que nous avons alors retranscrit dans ce dernier. Dans ce même écrit et sur Twitter, nous avions logiquement laissé à Franck Dhersin, vice-président de la région Hauts-de-France aux transports et infrastructures de transport, la possibilité de répondre aux nombreuses interrogations et critiques émises. C'est à ce titre que le mardi 29 octobre, deux journalistes de la rédaction se sont rendus à Téteghem, la ville où il officie également au titre de maire. Pendant plus d'une heure, il s'est exprimé volontiers sur les sujets qui taraudent nombre de flamands, ainsi que toutes les autres populations de la région des Hauts-de-France qui empruntent régulièrement ou occasionnellement le réseau ferroviaire. En préambule, afin de dissiper tout questionnement vis-à-vis de ses fonctions, il a tenu à préciser quelques éléments qui échappent à la plupart des usagers et populations. Si la région est aujourd'hui considérée comme incarnant l'Autorité Organisatrice des Transports (AOT), elle ne contrôle pas vraiment l'effectivité des diverses missions qui lui sont confiées et ne peut se permettre de procéder à toutes les modifications qu'elle souhaite : « La région ne possède rien. Ni les trains, ni les rails, ni les personnels qui appartiennent à la SNCF. La région fait un chèque tous les mois à la SNCF, mais elle ne contrôle rien de ce qui permet de faire circuler les trains (…) Nous ne pouvons rien décider sans le bon vouloir et sans l’accord de la SNCF » Dans le même discours, il s’est également exprimé sur les critiques régulières qui concernent la tarification appliquée sur les lignes TER Hauts-de-France. Selon les statistiques énoncées, la région prenant en charge 77% du prix que coûte réellement un voyage sur le réseau régional, les usagers ne débourseraient que 23% de cette même somme lors de l’achat d’un titre de transport. Franck Dhersin a ensuite affirmé que les tarifs mis en place sur le réseau ferré de la région figurent parmi les plus avantageux : « On a mis en place des tarifs d’abonnement parmi les plus intéressants de toute la France et pour tout le monde (…) La région n’organise pas les trains pour gagner de l’argent. Elle en perd » Moins de retards à l'avenir ?A propos des incidents récurrents qui impactent parfois fortement la ponctualité et la faisabilité de certains trajets, l'élu s'est longuement intéressé au "service annuel 2020" qui sera effectif à compter du dimanche 15 décembre 2019. Pour tenter de remédier aux retards réguliers, la SNCF et les instances régionales, en concertation avec plusieurs associations d'usagers, dont il précise qu'elles ont été rencontrées à plusieurs reprises depuis la fin 2018, ont décidé de revoir complètement les horaires de circulation de 880 liaisons, sur les 1.250 qui sillonnent au quotidien toute la région des Hauts-de-France. Selon-lui, ces nouveaux programmes de circulation devraient aussi permettre de réduire le manque de places assises à bord des trains : « Il n’était plus possible de faire circuler les trains rapides et les trains lents (…) au même moment. Grâce à la nouvelle organisation, ce sont 50.000 places assises supplémentaires qui seront proposées » Des ajustements prévus après 6 mois de fonctionnementFace aux critiques et charges émises par certains usagers qui ne travaillent pas durant les mêmes horaires que d'autres, sont éloignés de leur entreprise ou désirent se ressourcer dans la métropole lilloise en soirée, là-encore, le représentant de la région temporise. Selon-lui, les trains qui circulent actuellement avant 05h30 et après 21h30 ne seraient pas assez fréquentés, ce qui justifie la suppression de ces services à compter de mi-décembre, comme cela sera notamment le cas sur la ligne qui relie Lille au Westhoek. Toutefois, afin de ne pas provoquer l'ire des populations concernées, Franck Dhersin promet de surveiller l'évolution de la situation et de demander à la SNCF de procéder à des ajustements en cas de besoins, notamment pas le biais de liaisons effectuées par des autocars : « Si on s’aperçoit qu’il y a des problématiques (…) on verra ce que l’on peut changer. On fera le point dans 6 mois. Je suis réceptif aux remarques. » Certains usagers interrogés ne prennent néanmoins pas ces annonces avec une réelle joie et ne semblent pas décolérer : « On veut bien comprendre que la région ne souhaite pas perdre trop d’argent, mais pour les personnes qui habitent dans la région et qui vont travailler à Paris, Londres ou Bruxelles, c’est compliqué de trouver une solution de repli » La sécurité et l'humain, priorité de la régionRépondant à la problématique de l'insécurité qui touche également certains trains, l'édile tempère encore. Les statistiques ne permettraient pas de déceler un véritable problème chronique, faisant savoir que 92% des incidents ne surviennent pas à bord des rames, mais dans l'enceinte des gares, avant de conclure que la SUGE, unité de police ferroviaire qui est financée par la région était en capacité d'intervenir dans le cas d'une agression ou d'un incident grave. Interrogé ensuite au sujet du manque d'informations transmises lors du déroulement de perturbations, il rappelle que la nouvelle convention signée récemment entre la région et la SNCF stipule que le transporteur se doit de respecter une règle dite des « 3 A », « assis, à l’heure et avertis ». En cas de manquement à cette obligation, des mesures de rétorsion seraient prises : « La SNCF a de gros efforts à faire. Si les 3 A ne sont pas remplis (…) il est prévu qu'elle paie un certain nombre de pénalités » Plusieurs moutures de cette convention lèvent aussi quelques doutes qui persistaient depuis quelques mois. En effet, contrairement aux rumeurs qui se diffusaient dans les villages et villes moyennes, si la SNCF avait proposé à la collectivité d'économiser 40 millions d'euros en procédant à la fermeture de petites gares, de guichets et de supprimer les contrôleurs à bord des trains, le refus de la région fut catégorique. S'exprimant au nom de Xavier Bertrand, Président des Hauts-de-France, Franck Dhersin a tenu à le confirmer : « Il est important de conserver une présence humaine, car certaines catégories de personnes ne savent pas nécessairement se servir des nouvelles technologies (…) Notre volonté est de lutter contre la désertification des territoires » Du flamand jusque dans les gares ?Dans le même élan, et pour terminer, c'est aux régionalistes flamands, dont la colère n'est pas retombée contre le gouvernement et les instances publiques françaises installées sur le territoire, qu'il s'est adressé. Dans un nouvel exposé, il s'est dit favorable à l'installation de signalétique et de panneaux bilingues dans les gares du Westhoek : « On a ça dans nos villages. Il n’y a pas de raison que nous n’avions pas ça dans nos gares » ; Il n'est néanmoins pas certain que cette mesure proposée soit vraiment mise en place rapidement, car l'emprise des gares, et donc les décisions qui les concernent, n'appartiennent pas à la région, mais à "Gares et connexions", filiale de la SNCF. Cet entretien est à retrouver en intégralité sur Youtube via ce lien. Durant la semaine du lundi 16 au vendredi 20 décembre, un reportage sera tourné sur la ligne du Westhoek (Lille - Hazebrouck - Dunkerque) afin de recueillir la réaction d'usagers et leur récit de leur ressenti face aux trajets qu'ils effectuent quotidiennement.
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